samedi 30 juillet 2005

Rotary Connection - Rotary Connection (1967)


Encore un objet excentrique, Rotary Connection est plutôt au départ une expérience de laboratoire imaginée par Marshall Chess (le fils à papa du label Chess), le but de l’expérience ? Mêler, la soul et le psychédélisme, les voix noires et le rock, le tout confié au très grand Charles Stepney (Arrangeur futur d’Earth Wind and Fire) et avec en guest star l’extraordinaire rossignol Minnie Riperton. Si les compositions (2 titres) de Stepney tiennent assez bien la route, c’est surtout son talent d’arrangeur quasi surnaturel qui éclate dans les multiples covers qui font l’album : Like A Rolling Stone version patate chaude gospel soul ou les cuivres bataillent avec une guitare incongrue et des cordes énormes, une version du Lady Jane des Stones qui sonne comme un mambo de péplum avec chant de sirènes dans le fond, un Soul Man un peu sage, mais avec un poil de clavecin (faut pas déconner), et pour finir un Ruby Tuesday frapadingue mélangeant chant grégorien, orgue et guitare bizarroïde.


Rotary Connection enregistra 6 albums entre 67 et 71, et surtout le duo Charles Stepney, Minnie Riperton sortira en 1971 un album indispensable à toute discothèque qui se respecte un peu : Come to My Garden avec le grand classique Les Fleurs, mais ça tout le monde le sait.

lundi 11 juillet 2005

Minotaur Shock – Maritime (2005)



On commence par le délicieux Muesli du Phil Glass aux petits pieds, le genre de morceaux guilleret qui vous redonne le sourire derechef, Powaqatsi sans les nuages qui filent à toute berzingue là on contemple la lenteur des nuages poum ! Ensuite y a des petits bouts de mélodies crève-cœur un peu partout, du Ratatat sans les guitares ((She’s in) Drydock Now), des trucs qui ressemblent à de la musique folklorique bancalo electro comme chez Four Tet (Vigo Bay), du Burt Bacharach Bomptempi (Six Foolish Fishermen), des bouts des premiers New Order bricolos pas maîtrisés, du Boards Of Canada primesautier, du Autechre rigolo (Le subtil
Hilly) , bon voilà c’est vachement bien, vous allez pas aimer c’est pas grave , moi je souris benoîtement.

L’interprète – Sydney Pollack (2005)

Le grand retour de la fiction paranoïaque de gauche ? Pas si simple, si dans les années 70 l’ennemi était plus facile à définir même si métaphysiquement impalpable, aujourd’hui tout est plus compliqué les idéaux ne sont plus ce qu’ils étaient, il y a plus de complexité, c’est ce qui le fait le prix un peu de ce film, s’il n’y a pas d’amertume chez Pollack il semble se réveiller en plein cauchemar en plein dout. De ce doute que fait il ? Un polar souvent efficace avec deux trois scènes béton (l’autobus), il fait avec quoi ? D’abord un lieu le bâtiment de L’ONU assez cinématographique (souvenons nous du père Hitch et de sa Mort aux trousses), ensuite une ville New York assez bien filmée, de long plan d’hélicoptères qui pourraient venir du froid Michael Mann des scènes de rues assez nerveuses, des décors impecs et élégants (belle direction artistique) ensuite il fait aussi avec une Nicole Kidman un peu aléatoire (mais charmante) et un Sean Penn presque bon et donc sobre.
Apres l’histoire, paranoïa, idéaux de gauches déçus, et multiples fils de l’intrigue qui justement devient filandreuse sur la fin, l’ennui s’immisçant petit à petit, un sentiment sournois puis insistant nous vient, et si Pollack nous parlait d’autre chose ? Derrière cette efficacité un peu glacée il y a un léger voile de tristesse, pourquoi ces plans insistants sur la Skyline de Manhattan ou il semble filmer l’absence ... l’absence des Twin Towers !!! Quand on interprète le film à travers ce mince filtre le film devient presque passionnant, voir émouvant dans la scène de l’autobus.

Faine Jade - Introspection (1968)



Etonnant !! Ce disque sortit en 1968 sonne comme un inédit du Early Pink Floyd, pourtant c’est l’œuvre d’un jeune guitariste américain inconnu tout juste sortit du garage, le premier LP du Floyd étant pratiquement inconnu aux Etats unis en 1968 tout cela est fortement intriguant, plagiat ? Coïncidence surnaturelle ? Tout est là : Faine Jade est un quasi clone vocal de l’azimuté en chef Syd Barrett, paroles amphigouriques, orgues bariolés, lignes de guitares psychédéliques, deux gouttes d’acid dans la Pop, bon assurément c’est davantage une jolie curiosité qu’autre chose, même si c’est très agréable on est loin de la géniale évidence Barrettiene.

mercredi 6 juillet 2005

Panique à Needle-Park-Jerry Schatzberg (1971)



Le début des seventies avec comme toujours ce goût de cendres froides dans la bouche, premier film de Jerry Schatzberg et surtout premier film d’Al Pacino, une sorte de cérémonie froide et un peu hiératique sur fonds de seringues.

Panique à Needle Park est aride, nerveux, parfois vibrant Schatzberg a beau être un cinéaste Américain, il n’oublie pas les leçons de la nouvelle vague, il film Pacino camera cachée dans les rues de New York tel un magnifique quidam faussement conquérant. Tout est sec et sans concessions hollywoodiennes, il n’y a pas de musique par exemple, et la suite de scènes volées dans la rue, renforce la promiscuité avec une vision quasi documentaire.
La description du « monde » de la drogue est assez précise : misère sociale, manque d’argent, manque de drogue, délinquance, prostitution, overdose (terrifiante dans la chambre d’une prostituée ou un enfant pleure). Les scènes de shoot sont quasi documentaires et si Schatzberg semble filmer des victimes, ce n’est jamais d’un point de vue morale ou alors il faudrait plutôt parler de compassion.
Plus le film se contente d’enregistrer simplement la présence des acteurs et de leurs actes plus il est beau, par contre dès que tout cela fictionne trop (un grand trou au milieu ) il devient indécis et moins passionnant. La fin est admirable et poignante, il n’y pas de rédemption possible ou alors dans un soupçon de sentiment amoureux, il n’y a que de la fatalité.
Kitty Winn sorte d’ange déchu est magnifique, quant à Al Pacino, il est extraordinaire, humain terriblement humain.

Bruce Palmer - The Cycle is Complete (1971)



Comment dire voilà ce truc est quand même un poil oublié, obscur et quasi introuvable, Bruce Palmer était le bassiste originel de Buffalo Springfield vous voyez le premier groupe de Neil Young, et bien donc ce disque « The Cycle is Complete » seul et unique est une petite merveille et une chose pour tout dire stupéfiante, stupéfiante est bien le mot, le gars Palmer forçant sacrement sur les cigarettes qui font rires et les cachets qui font vadrouiller allégrement dans l’air. Pour situer un mieux la chose, les quatre titres qui constituent l’album, sont une longue suite d’improvisations articulées autour de la basse de l’oiseau Bruce Palmer, violons , oboe, tambours, congas et voix se répondent dans une sorte de mantra souple qui n’est pas si loin du Future Days de Can , un mélange de free jazz , de musique indienne (enfin l’idée que se fait un musicien américain défoncé de la musique indienne) de vapeurs psychédéliques, ajoutez des titres croquignolets « Alpha Omega Apocalypse », « Calm Before The Storm » et le tour est joué. Bon c’est un brin reboratif, mais on écoute ça avec un joli sourire au coin des lèvres, celui du vieux punk qui se dit que les vieux babas chevelus quand même parfois c’est bien.

Editors - The Back Room (2005)

Donc le grand retour du rock héroïque pas encore Big Country (si on respecte la chronologie cela ne devrait pas tarder), mais pas loin, pourtant allez savoir pourquoi j’aime beaucoup ce truc, comme J’aime aussi beaucoup Interpol et pour les mêmes raisons : Chanteur quasi mélodramatique (Ian Curtis aux petits petons) et surtout un son dense, presque ramassé très compact en fait, le genre de truc à l’efficacité immédiate, évidemment tout le potentiel du groupe est mis dans le fumigène et l’atmosphérique et peu de choses dans le songwriting, néanmoins écoutez un titre comme All Sparks (genre de petit classique) tout est remarquablement en place, les tambours qui roulent, les petits riffs de guitares addictifs, la voix du faux désespéré, la basse qui tourne gentiment, une courte merveille.