lundi 27 juin 2005

Bernard Lamarche-Vadel

Trop de livres, de photos, de peinture ça porte au ciboulot forcement, alors boum on s’ enferme, en soi-même, dans un château au milieu d’une douteuse horde de chiens bigarrés, un fugace coup de fusil plus tard on s’évapore, Bernard Lamarche-Vadel , écrivain d’art, romancier vague et dangereux, encore un drôle de zigoto.



La Logeuse - Préface de Bernard Lamarche-Vadel

Qui a publié ne serait-ce qu’un livre, et même nul, le sait ; un livre est une tombe, depuis Mallarmé le lien était clarifié. Une part de soi tombe inévitablement en lui, égarée dans l’éternelle clôture d’une posture définitive ; par bonheur beaucoup de tombes disparaissent aussi. L’herbe repousse. La vie des énigmes, leur reproduction procède exclusivement de la parthénogenèse ; une énigme soustrait d’elle-même sa suite. De son état nommé à l’enseigne d’une énigme qui s’en chargeait, Guillot a soustrait un titre dont sont advenues des images, métamorphosées encore dans un livre, et sur ce livre, une province de sa tombe, l’auteur a inscrit deux titres : La Logeuse, nous le lisons et une photographie, nous la regardons. Le titre de sa tombe, si nous complétons le syntagme qui intitule celle-ci ou si l’on préfère ce qu’elle renferme, en deux énigmes correspond aussi à une égalité entre elles, cette photographie représente la logeuse, nous méditons sur sa tombe. Nul besoin de connaître son identité, cette photographie qui titre le livre sous son titre nous révèle plus précieux, son état. L’image de ce visage féminin ni bau ni laid, parce que placé par le photographe avant la survenue des catégories esthétiques spontanées du jugement, entre deux âges, fuit l’énoncé de son référent et je reste en peine de reconnaître la femme de ce visage. Son genre et son état sont ses seuls titres à valoir quant au titre que Guillot a composé pour son livre. Son état précisément, son plan, sa coupe interne avant qu’elle n’affleure à la conscription de son identité, le vrai territoire photographique de cette image, le lieu des traitements, pour aboutir à cette image épuisée quant à son grain, épuisée quant à ses contours en lesquels pourtant Guillot sait aussi triompher, épuisée corrélativement quant à l’identité dont nous considérons pourtant le portrait, telle advient la voloté d’immanence de l’artiste, non plus identifier, reconnaître, individuer, maissingulariser les aspects les plus divers du visible sur un plan de coupe interne à ce qui est perçu. Peut-être ne peut-on pas pénétrer ce seuil et visiter la loge sans attitude géologique, à la manière de Foucault. Cadré serré sur le triangle des orifices de la face humaine, par où le contenu du crâne commencera sa putréfaction, ce visage de femme propose sa moitié ou encore à l’égal de nombre d’images de Guillot, je le vois vaciller sur le fil tendu pour le funambule. Par un bord de ses lèvres et par l’éclair de la lumière sur l’eau de ses yeux qui dessine en eux une perspective infinie, le vivant s’en trouve restitué. La gourmandise de la lèvre jointe aux lumineuses et mélancoliques bougies du regard nous presserait nous aussi d’en terminer pour demander son adresse. Grâce à ces trois lueurs qui sont trois signes, l’un ourle la lèvre inférieure, tandis que les autres grésillent dans les deux yeux, un calme redoux de la vie survole en ses traits, dans ses inscriptions isolées son contraire, l’évanouissement, la fuite, l’abolition grise de ce visage qui fuit d’abord dans la pierre, dans un égal effet de minéralisation exhaustive où toute espèce de contour perd par dissolution.


1 commentaire:

Anonyme a dit…

cool :)..