mercredi 29 juin 2005

Polyrock - Polyrock (1980)


Vous voyez les Feelies « Crazy Rythms » imaginez cette merveille avec des bouts de Talking Heads (en plus folâtre) dedans, pas loin aussi de la tambouille du déplumé en chef Eno , bon alors secouez le tout mélangez moi tout le toutim avec une énergie non feinte, ben alors que reste t’il hein ? et bien un magnifique bidule post-punk sec et répétitif à souhait, le genre de trucs que les gamins anglais et nouiorquais reproduisent aujourd’hui à foison dans leur petits garages encombrés par la tondeuse du paternel post soixante-huitard. Il faut dire que pour le coté répétitif Polyrock était bien aidé, en effet le zigomar qui tenait le shaker en 1980 (le producteur quoi ) et bien c’était Philip Glass le prince de la musique qui bégaye, d’ailleurs Polyrock semble être un peu sa chose une petite danseuse, biscornue et rigolote, enfin cela sonne comme ça, écoutez vous verrez

lundi 27 juin 2005

Bernard Lamarche-Vadel

Trop de livres, de photos, de peinture ça porte au ciboulot forcement, alors boum on s’ enferme, en soi-même, dans un château au milieu d’une douteuse horde de chiens bigarrés, un fugace coup de fusil plus tard on s’évapore, Bernard Lamarche-Vadel , écrivain d’art, romancier vague et dangereux, encore un drôle de zigoto.



La Logeuse - Préface de Bernard Lamarche-Vadel

Qui a publié ne serait-ce qu’un livre, et même nul, le sait ; un livre est une tombe, depuis Mallarmé le lien était clarifié. Une part de soi tombe inévitablement en lui, égarée dans l’éternelle clôture d’une posture définitive ; par bonheur beaucoup de tombes disparaissent aussi. L’herbe repousse. La vie des énigmes, leur reproduction procède exclusivement de la parthénogenèse ; une énigme soustrait d’elle-même sa suite. De son état nommé à l’enseigne d’une énigme qui s’en chargeait, Guillot a soustrait un titre dont sont advenues des images, métamorphosées encore dans un livre, et sur ce livre, une province de sa tombe, l’auteur a inscrit deux titres : La Logeuse, nous le lisons et une photographie, nous la regardons. Le titre de sa tombe, si nous complétons le syntagme qui intitule celle-ci ou si l’on préfère ce qu’elle renferme, en deux énigmes correspond aussi à une égalité entre elles, cette photographie représente la logeuse, nous méditons sur sa tombe. Nul besoin de connaître son identité, cette photographie qui titre le livre sous son titre nous révèle plus précieux, son état. L’image de ce visage féminin ni bau ni laid, parce que placé par le photographe avant la survenue des catégories esthétiques spontanées du jugement, entre deux âges, fuit l’énoncé de son référent et je reste en peine de reconnaître la femme de ce visage. Son genre et son état sont ses seuls titres à valoir quant au titre que Guillot a composé pour son livre. Son état précisément, son plan, sa coupe interne avant qu’elle n’affleure à la conscription de son identité, le vrai territoire photographique de cette image, le lieu des traitements, pour aboutir à cette image épuisée quant à son grain, épuisée quant à ses contours en lesquels pourtant Guillot sait aussi triompher, épuisée corrélativement quant à l’identité dont nous considérons pourtant le portrait, telle advient la voloté d’immanence de l’artiste, non plus identifier, reconnaître, individuer, maissingulariser les aspects les plus divers du visible sur un plan de coupe interne à ce qui est perçu. Peut-être ne peut-on pas pénétrer ce seuil et visiter la loge sans attitude géologique, à la manière de Foucault. Cadré serré sur le triangle des orifices de la face humaine, par où le contenu du crâne commencera sa putréfaction, ce visage de femme propose sa moitié ou encore à l’égal de nombre d’images de Guillot, je le vois vaciller sur le fil tendu pour le funambule. Par un bord de ses lèvres et par l’éclair de la lumière sur l’eau de ses yeux qui dessine en eux une perspective infinie, le vivant s’en trouve restitué. La gourmandise de la lèvre jointe aux lumineuses et mélancoliques bougies du regard nous presserait nous aussi d’en terminer pour demander son adresse. Grâce à ces trois lueurs qui sont trois signes, l’un ourle la lèvre inférieure, tandis que les autres grésillent dans les deux yeux, un calme redoux de la vie survole en ses traits, dans ses inscriptions isolées son contraire, l’évanouissement, la fuite, l’abolition grise de ce visage qui fuit d’abord dans la pierre, dans un égal effet de minéralisation exhaustive où toute espèce de contour perd par dissolution.


samedi 18 juin 2005

Producteurs

Vaste question le producteur au sens anglo-saxon est –il aussi et surtout un artiste, on dira pas un artisan, à priori oui , Martin Hannet, Spector, Brian Wilson, Eno,Conny Plank, John Cale, George Martin, Holland /Dozier, Leiber /Stoller, Todd Rundgren, Giorgio Moroder, Arthur Baker, Blaze, Masters at Work, Arif Nardin ... mais aussi :

Shel Talmy
l’inventeur du gros son et des riffs de guitares saturés, il produit les premiers 45 tours des Kinks , les Who font appel à lui pour retrouver ce son si singulier (sesonsciesingulié) pour l’époque, il crée un label indépendant d’ou émerge The Creation le groupe proto psychédélique, après deux trois choses avec Manfred Mann, , il est le grand ordonnateur du « Friday On My Mind » des Easybeats l’une des plus belles symphonies adolescentes adressée à dieu.

Joe Boyd
Une sorte d’aimant pour le folk-rock anglais circa 68/71, producteur du Floyd naissant « Arnold Layne » c’est lui. Puis L’Incredible String Band, Fairport Convention et surtout Nick Drake et John Martyn, , bon les sublimes arrangements de cordes sur Five Leaves Left , sont du miraculeux Robert Kirby par contre.

Kim Fowley
Un fou, mais comme tous les fous qui se tiennent un peu, un fou qui invente sans cesse, il commence par des tubes Buble-gum pour teenagers acnéiques étasuniens, il s’installe ensuite en Angleterre ou il produit Cat Stevens et Soft Machine, il participe ou premier Mothers Of Invention sort un tube croquignolet « Thev’re Coming To Take Me Away » sous le non de Napoléon XIV , après une carrière solo débridée, il produit les Runaways en 1975 et avec John Cale les Modern Lovers, Ah !! oui aussi Spirit et Randy California « Future Games » il est dans l’histoire aussi.

Gary Usher
Le producteur de la seconde manière des Byrds, « Younger Than Yesterday », « Sweatheart Of The Rodeo »… carrière commencée dans la sunshine pop , les Hondelles et les Surfaris des sous garçons de la plage, Gary Usher est aussi le responsable des délicieux Sagittarius avec le génial Curt Boettcher .

Tony Vissconti
T.Rex « Electric Warrior », les Bowies de « Diamond Dog » à « Heroes », ensuite les merveilleux « Thin Lizzy » , ou le producteur qui se cache derrière ses artistes, le minimum syndical , mais une transparence lucide.

Martin Rushent
Avec Lillywhite et Hannet , le producteur New Wave , tendu et tendre avec les Buzzcocks , raffiné et primaire à la fois avec les méchants Stranglers , Human League version nunuches et garçons coiffeurs (Don’t You Want Me) producteur aussi de Téléphone .

Guy Stevens
« Il n’y a que deux Phil Spector au monde, et je suis l’un des deux » le producteur de « London Calling » , le reste Spooky Tooth, Ian Hunter et Mott The Hoople est sympathique mais plus dispensable.

Terry Melcher
Le fils de Doris Day !!!!!!!!!!! petite carrière de chanteur surf, et ensuite le petit roi soleil de la pop de plage, Pat Boone, Wayne Newton , Paul Revere and the Raiders, et sutrout plus loin de la plage,les Byrds à leurs débuts.

Paul A Rothchild
Le producteur maison du label Elektra , donc Love les Doors les premiers Tim Buckley rien que du bon , d’ailleurs les Doors semblent être aujourd’hui considérés comme un boys bands simili-intéllo alors que hein c’est pas de la gnognotte, pour en revenir à Rothchild il aurait enregistré les Doors sous LSD.

mardi 14 juin 2005

René Daumal et Le Grand Jeu

Il y a bien cette ramure farouche du surréalisme, incongru même avec des bouts de mysticisme dedans, Le Grand Jeu, toute une histoire, ça commence comme une vague blague potache pour finir dans le crucial, la mort, comme Artaud, comme Desnos, mourir avant de devenir une chose ronflante, ronronnante devant les statues …


René Daumal à l'age de 15 ans.

A quinze ou seize ans, je commençai mes recherches expérimentales, sans direction et un peu au hasard. Ne trouvant pas le moyen d’expérimenter directement sur la mort - sur ma mort - j’essayai d’étudier mon sommeil, supposant une analogie entre celui-ci et celle-là. Je tentai, par divers procédés, d’entrer éveillé dans l’état de sommeil. L’entreprise est moins rigoureusement absurde qu’elle ne semble, mais elle est périlleuse à divers égards. Je ne pus la poursuivre bien loin; la nature me donna quelques sérieux avertissements sur les dangers que je courais. Un jour, je décidai pourtant d’affronter le problème de la mort elle-même; je mettrais mon corps dans un état aussi voisin que possible de la mort physiologique, mais en employant toute mon attention à rester éveillé et à enregistrer tout ce qui se présenterait à moi. J’avais sous la main du tétrachlorure de carbone, dont je me servais pour tuer les coléoptères que je collectionnais. Sachant que ce produit est, chimiquement, de la même série que le chloroforme - plus toxique que lui - je pensai pouvoir en régler l’action d’une façon assez commode : au moment où la syncope se produirait, ma main retomberait avec le mouchoir que j’aurais maintenu sous mes narines imbibé du liquide volatil. Par la suite, je répétai l’expérience en présence de camarades, qui auraient pu me porter secours au besoin. Le résultat fut toujours exactement le même, c’est-à-dire qu’il dépassa et bouleversa mon attente en faisant éclater les limites du possible et en me jetant brutalement dans un autre monde.
Il y avait d’abord les phénomènes ordinaires de l’asphyxie battements des artères, bourdonnements, bruit de pompe dans les tempes, retentissement douloureux du moindre son extérieur, papillonnements de lumière; puis sentiment que cela devient sérieux, que c’est fini de jouer, et rapide récapitulation de ma vie jusqu’à ce jour. S’il y avait une légère angoisse, elle n’était pas distincte d’un malaise corporel dont mon intellect restait tout à fait libre, et celui-ci se répétait à lui-même : attention, ne t’endors pas, c’est le moment de tenir l’oeil ouvert. Les phosphènes qui dansaient devant mes yeux couvraient bientôt tout l’espace, qu’emplissait le bruit de mon sang; bruit et lumière emplissaient le monde et ne faisaient qu’un rythme. A ce moment-là, je n’avais déjà plus l’usage de la parole, et même de la parole intérieure; la pensée était beaucoup trop rapide pour traîner des mots avec elle. Je notais, en un éclair, que j’avais toujours le contrôle de la main qui tenait le tampon, que je percevais toujours correctement le lieu où était mon corps, que j’entendais les paroles prononcées près de moi, que j’en percevais le sens - mais objets, mots et sens des mots n’avaient soudain plus de signification; il en était comme de ces mots que l’on a répétés longtemps, et qui semblent morts et étranges dans la bouche : on sait encore ce que signifie le mot « table », on pourrait l’employer correctement, mais il n’évoque plus du tout son objet. Donc, tout ce qui, dans mon état ordinaire, était pour moi «le monde » était toujours là, mais comme si brusquement on l’avait vidé de sa substance; ce n’était plus qu’une fantasmagorie à la fois vide, absurde, précise et nécessaire. Et ce « monde » apparaissait ainsi dans son irréalité parce que brusquement j’étais entré dans un autre monde, intensément plus réel, un monde instantané, éternel, un brasier ardent de réalité et d’évidence dans lequel j’étais jeté tourbillonnant comme un papillon dans la flamme. A ce moment, c’est la certitude, et c’est ici que la parole doit se contenter de tourner autour du fait.
Certitude de quoi ? - Les mots sont lourds, les mots sont lents, les mots sont trop mous ou trop rigides. Avec ces pauvres mots, je ne puis émettre que des’propositions imprécises, alors que ma certitude est pour moi l’archétype de la précision. Tout ce qui, de cette expérience, reste pensable et formulable dans mon état ordinaire, c’est ceci - mais j’en donnerais ma tête à couper : j’ai la certitude de l’existence d’autre chose, d’un au-delà, d’un autre monde ou d’une autre sorte de connaissance ; et, à ce moment-là, je connaissais directement, j’éprouvais cet au-delà dans sa réalité même. Il est important de répéter que, dans ce nouvel état, je percevais et comprenais très bien l’état ordinaire, celui-ci étant contenu dans celui-là, comme la veille comprend les rêves, et non inversement; cette relation irréversible prouve la supériorité [dans l’échelle de la réalité, ou de la conscience] du second état sur le premier. je pensais nettement : tout à l’heure je serai revenu à ce qu’on appelle « l’état normal », et peut-être le souvenir de cette épouvantable révélation s’assombrira, mais c’est en ce moment que je vois la vérité. je pensais cela sans mots, et en accompagnement d’une pensée supérieure qui me traversait, qui se pensait pour ainsi dire dans ma substance même avec une vitesse tendant à l’instantané. J’étais pris au piège, de toute éternité, précipité vers un anéantissement toujours imminent avec une vitesse accélérée, à travers le mécanisme terrifiant de la Loi qui me niait. « C’est cela ! c’est donc cela ! » - tel était le cri de ma pensée. je devais, sous peine du pire, suivre le mouvement; c’était un effort terrible et toujours plus difficile, mais j’étais forcé de faire cet effort; jusqu’au moment où, lâchant prise, je tombais sans doute dans un très bref état de syncope; ma main lâchait le tampon, j’aspirais de l’air, et je demeurais, pour le restant de la journée, ahuri, abruti, avec un violent mal de tête.



René Daumal trois jours avant "sa" mort en 1944

lundi 13 juin 2005

La playlist qui parle !!!!!

Mecano - Robespierre_s Re-mARX

Ne pas confondre avec les Espagnoles homonymes de sinistre mémoire, c’est le Mecano hollandais celui de Dirk Polak sec comme une trique, du coté de chez Wire.

Noise Boys – miniminiminiminijupe
Grauzone - Ich Liebe Sie


Avant de devenir chanteur de charme mou , Stéphan Eicher a eu le temps d’enregistrer deux trois merveilles, ici avec les Noise Boys sur un dictaphone aléatoire, un concentré de techno-Psychobilly comme du Alan Vega Helvétique, les efforts suivants de Stephan Eicher avec le mythique Grauzone et son premier album solo genre homme orchestre bricolo-electro Les chansons Bleues sont fortement recommandables.

Freur - Doot-Doot

Le son Eighties dans toute sa splendide horreur , c’est ringard, grandiloquent, mais il y a des idées merveilleuses, un titre terriblement addictif.

Basement5-Riot

Difficile de faire plus oublié que les Basement 5 , pourtant, pourtant … comment dire , voilà c’est flamboyant, produit par l’immense Martin Hannet la rencontre sur une table de dissection entre le Dub, le reggae et le Post-Punk british , PIL and The Wailers, un peu Tv On The Radio 25 ans avant aussi.

Yves Simon - Rue de la Huchette

J’en vois dans le fond qui ricanent en se disant que le vieux Raoul a une durite pas fraîche , ben pourtant cette chanson est presque parfaite , arrangements magnifiques , paroles gentiment naïves et nostalgiques, du pur bonheur.

Sylvain Vanot - Les roseaux

Sylvain Vanot est immense, ceux qui pensent le contraire je les emmerde.

Jackson c. frank - Milk And Honey

L’une des plus belles chansons du monde, je replante le clou en passant

Smog - Rock Bottom Riser

Magnifique, c’est quoi l’intime ? alors on dira plus sûrement la crudité, la voix mixée en avant renforce cette sensation, I Love My Mother, I love My Father, I love My Sister too , c’est déchirant de simplicité comment ne pas être sensible devant cette crudité des sentiments apaisée, impossible.

Silver Apples - Velvet Cave

Ah les Silver Apples !! La grande influence de Suicide et d’Alan Vega , d’ailleurs à ce niveau c’est quasiment du plagiat , grand groupe précurseur , des types qui faisait du post-punk novo en 1968 soit 10 ans avant la date prévue, avec des pré-synthé zigouigoui des tambours furibonds et un chanteur top–fun psychobilisant .

White Stripes - My Doorbell

Ce qui devient intéressant avant tout c’est d’avoir un son, bon ici on est pas déçu, un piano rachitique, la batterie près de l’os de la fausse Karen Carpenter, le plus drôle c’est que ça ressemble à du Jackson 5, les Jackson 2 ?

Henk Hofstede-Automaten

Une perle découverte grâce à l’indispensable
blogotheque , Henk Hofstede est l’un des membres des indispensables (eux aussi) Nits, ici c’est un ballade qui tutoie le meilleur Robert Wyatt qui semble oublié la gravité , celle de Newton pas l’autre , enfin je sais plus, quoi merde .

extra track – mauvais goût
Editors - Munich.

Interpol était déjà un ersatz incertain de rock héroïque, Editors (Quel nom) est (vertige) un ersatz d’Interpol , batterie lourdingue, basse avé le médiator, guitares qui jaillissent tout droit du U2 de 1981 , et ben j’adore ça, un grand moment de lyrisme cheap, le grand retour du rock à mèche.

André Breton

Well, well , Breton est il un vampyr qui amoncelle son art sur les CADAVRES de ses amis suicidés ? Dans l’opium, dans le renoncement, le sens de l’UMOUR est tragique, n’est même que cela, un tragique plaisant et viscérale. Apres les résidus d’âmes flottantes peuvent se dilapider dans le temps, les plus grands poètes non certainement JAMAIS rien écrit … comme Jacques Vaché , ou alors Well, Well … c’est une autre histoire ...

lundi 6 juin 2005

Yves Simon - Au pays des merveilles de Juliet (1973)

Un joli disque seconde gauche … non je déconne Simon ensuite vas devenir un groupie du terrible Mitterrand … malgré de grosses échardes lourdaudes et cramoisies dans le temps ... il reste quelque chose de la mélancolie du début des 70s des arrangements pas si riquiqui que ça, après le reste hein !! Yves Simon avec beaucoup d’imagination aurait pu être une version française acceptable du spleen Drakien ... bon je dois me tromper s’il y a du Nick Drake c’est plus sûrement dans la question de Françoise, reste que le petit truc d"Yves Simon c’est quand même mieux que la groupie du pianiste.

mercredi 1 juin 2005

René Belletto – L’Enfer


J’ai un ami qui n’a jamais osé lire aucun livre de René Belletto trouvant allez savoir pourquoi ce patronyme « Belletto » rebutant et pour tout dire grotesque, un nom de gâteau ne cesse t-il de me dire, un gâteau un peu étouffe chrétien, j’ai vraiment des amis saugrenus… pour sa défense il faut dire que la sœur de mon ami est pâtissière, et qu’il a un peu l’habitude de finir les « restes », comme quoi patronymie et autobiographie simili-culinaire ne font pas un ménage des plus radieux.

Bon donc René Belletto, est un auteur de polars décalés publier la plupart du temps chez P.O.L* (ce qui situe un brin l’oiseau), de fausses histoires policières méandreuses avec une propension pour un hyperréalisme glaçant et jubilatoire, des histoires aussi qui travaillent en creux l’autobiographie du bonhomme. Reste que je ne suis pas très objectif, René Belletto étant lyonnais il faudra peut-être pour vous faire sans l’effet -quenelle , fameux effet bien connu chez les fans hardcore de Bertrand Tavernier (non pas moi), si on prend l’Enfer par exemple, roman paru en 1986, je connais tout intimement … la cabine téléphonique de la rue Cdt Charcot, l’arrêt d’autobus 10 mètres plus loin, le canal de Jonage, les pigeons qui s ‘écrasent morts de chauds comme des flaques visqueuses sur la place bellecour , la petite route qui monte vers Francheville le Haut… pourtant c’est aussi dans ces détails là que Belletto est un vrai écrivain, un écrivain qui rejoint Georges Perec et ses tentatives de descriptions urbaines …
Si on évacue d’une chiquenaude l’effet-quenelle, L’Enfer est aussi un polar haletant qui joue avec des références gracieuses … le gars Alighieri, Leibniz et des bidules oulipiens, c’est surtout un grand livre mélancolique et sombre … folie, chutes, rédemption, mort, lumière, assurément un rapport lointain avec la pâtisserie.



Belletto est malheureusement souvent très mal adapté au cinéma, « Péril en la Demeure » version érotico toc par Michel Deville ou « La Machine » version grand guignol par François Dupeyron, avec le gros Depardieu.

http://www.geocities.com/Paris/Palais/2106/Belletto.html
http://www.frankreichforum.org/bellettotext.htm