samedi 30 avril 2005

Boy meets Girl - Leos Carax (1984)


Revoir Boy Meets Girl 20 ans après je dois avouer que j’éprouvais les pires craintes. Et bien elles n’étaient pas justifiées ! C’est un film magnifique enfin plus précisément c’est un film ou il y a des choses formidables et d’autres moins, la balance restant figée surprise ! Du coté du formidable.
Comme le dit Denis Lavant dans l’un des beaux monologues qui sont le cœur du film, il n’y a que les premières fois qui comptent, et le film n’est que ça une première fois, Carax avait 23 ans et il a mis tout ce qui était en lui ou, plus précisément tout ce qui était prêt à s’échapper de lui, son amour du cinéma, des livres, son autisme, la souffrance de vivre, un dégoût irrémédiable et une vision de l’amour adolescente... Evidemment tout ça ne serait rien s’il n’y avait pas derrière quelqu’un qui filtre un minimum , un petit alchimiste, avançons le mot sous les ricanements : un poète.
Donc une première fois, et la suite de la carrière de Carax ne sera que ça : une tentative un peu désespérée de trouver une seconde manière. Il parvient peut-être seulement à se libérer de ses influences et de son autobiographie dans Pola x où il devient vraiment un cinéaste, mais c’est une autre histoire.
Ce qui est passionnant et beau dans Boy Meets Girl c’est que derrière le coté poseur et bourré de références, derrière le trop plein du premier film et ben il y a une sincérité viscérale, comment dire voilà c’est pudique dans l’impudeur, pour preuve : une confession sexuelle très douce et osée, la carte de paris cachée ou l’extraordinaire Denis Lavant note toute les premières fois de sa vie, naissance, premier baiser, premier larcin, première rupture, première tentative de meurtre ... Et si le film regorge tellement de références, Godard, Bresson, Dreyer, Garrel, Griffith ... c’est peut être parce que le cinéma était pour Carax une chose vitale, une grande part de sa vie, et s’il filme aussi bien Mireille Perrier c’est peut être parce qu’il était amoureux, comme Godard l’était d’Anna Karina ou Dreyer de Falconetti.

En 1984 j’avais vu ce film comme un aérolithe magnifique, le film d’un grand frère secret qui vivait un peu les mêmes choses que moi et les ressentait surtout de la même manière ; aujourd’hui, derrière le trop-plein, et quelques scories, je trouve que le film a très bien vieilli, qu’il nous dit qu’avoir 20 ans en 1984 c’était peut-être pas si simple, d’ailleurs je cherche désespérément un film contemporain fait par un type de 23 ans, chose aussi qui m’avait échappé à l’époque... le film est souvent très drôle, un humour proche du grand Samuel, oui Beckett le grand type marmoréen.


http://www.patoche.org/carax/boy/boy.htm

dimanche 24 avril 2005

Vanishing Point - Richard C. Sarafian (1971)



Vanishing Point c’est le négatif de Easy Rider, tout s’inverse, la voiture remplace la moto, le road movie se fait d’est en ouest, les amphétamines remplacent l’acide, une figure anonyme et solitaire remplace un couple de stars potentielles, la Soul remplace le rock blanc et si on croise une communauté c’est au cœur du désert et c’est une communauté de Jéhovah. problématiques et pas trop accueillants.
Sinon on est dans les même parages, traversée de l’Amérique profonde poussiéreuse et somnolente, ode au paysage (la photographie est splendide), poésie du milieu, du White trash, apologie de la vitesse mais de la vitesse inutile, la vitesse hédoniste qui n’est que de la liberté en fait. hymne ultime au speed, au mouvement, et quand le héros au bout de sa course folle s’immole contre un barrage de Caterpillar il jouie vraiment, de la vitesse de sa liberté retrouvée, il se sacrifie pour ceux qui d’habitude restent sur le bord de la route, catharsis merveilleuse. Vanishing Point est un grand film politique.

Aphex Twin - Analord 1-11


Je dois avouer à ma grande honte avoir trouvé les derniers opus D’Aphex Twin particulièrement indigestes notamment Drukqs qui malgré de beaux moments, me tombait des oreilles avec une régularité métronomique, donc alors Analord ? Bon déjà c’est un projet beaucoup plus discret, série de maxis vinyles sortit sur son label Rephlex et surtout fraîcheur, le père Aphex ne se regarde plus jouer comme un Pape autoproclamé de l’électro bricolo ici la discrétion des moyens, plus d’ordinateur mais un retour aux synthés et Bar vintages, donne un coté modeste et presque touchant à l’ensemble, une heureuse surprise .

vendredi 15 avril 2005

Auguste Villiers de l'Isle-Adam (1838-1889)



« certaines phrases intenses de Villiers de l’Isle-Adam me font comme un coup de fusil tiré dans la tête » Jules Renard.

Villiers est un être à part une survivance baroque du romantisme finissant, un visage en triangle de longs cheveux de magnifiques yeux bleus et une moustache qui le font ressembler à un mousquetaire, mais un mousquetaire très pâle frappé même par toutes les teintes de la pâleur, Villiers est un génie bizarre qui oppose au réalisme un goût presque naïf pour l’utopie et la rêverie, influencé par Byron et Edgar Poe ses Contes Cruels cherchent à être une victoire du cœur sur les vicissitudes du monde. Mais le meilleur de Villiers de l’Isle-Adam est dans son roman L’Eve Future naissance stupéfiante d’un genre nouveau la science fiction et il faut prendre le terme au pied de la lettre, il n’est question ici en effet que de rigueur scientifique et de son mélange avec la poésie la plus prégnante, sensualité de l’électricité ode à Thomas Edison mélange de philosophie et de délire machiniste même si le livre a vieilli il persiste encore aujourd’hui des intuitions magnifiques et pétrifiantes de beauté électrique. Villiers de l’Isle-Adam est l’un des pensionnaires de L'anthologie de l'humour noir d’André Breton il y a de pires tombeaux.

Dossier-Villiers de L’isle Adam
L’Ève future
Le comique et l'ironie chez Villiers de l'Isle-Adam

New Order - Movement (1981)



Le premier New Order je l’avais acheté à Londres dans une boutique de Carnaby Street avec aussi plein de badges top destroy, Stranglers, Jam un magnifique tout rose de Sid Vicious, un vrai petit punk d’opérette que j’étais faut dire à l’époque. Ensuite après la journée à Londres j’étais retourné dans ma famille d’accueil, des gens très bizarre et très gros qui mangeaient d’énorme petit pois sans sauce avec de la viande bouillie et du thé immonde, le lendemain des que la famille était partit au boulot je m’étais précipité sur leur mignard électrophone pour écouter le New Order évidemment ça valait pas Joy Division mais le chant hésitant de Bernie le coté mortifère et en même temps un brin lumineux m’avait beaucoup touché un disque de rescapé, le nuit suivante le Père Mallet mon prof d’anglais un curé bien pensant qui portait toujours des sandales sur d'abjects chaussettes de tennis blanche et chantait Let It Be sur une guitare désaccordée, donc le père Mallet m’avait choppé à 4 heure du matin dans le parc so british longeant la maison des petitpoiophiles avec une charmante jeune anglaise ignorant les pratiques linguales en court sur le vieux continent, conflit diplomatique avec le curé furax, et la jeune anglaise toute coupée dans l’élan qui me regardait déjà l’œil humide et nostalgique, la vie est dure parfois.

Million Dollar Baby



Juste deux trois choses, c’est encore un film sur la transmission sur le passage, des êtres des savoirs des émotions, du passage de la violence et des sentiments qui transforment les corps, ce qui est bouleversant au-delà de l’histoire (magnifique mélo) c’est que ce passage ce fait dans les corps même, celui d’ Eastwood qui n’a jamais été aussi minéral déchirant et sensible, celui sacrifié d’Hilary Swank, le reste le classicisme absolu de la mise en scène le coté intemporel, est magnifique, il y a même des pointes d’humour délicat ; Sur la communauté irlandaise, le petit faux boxeur chétif est très drôle.
La dernière partie critiquée par certain est sublime, lumineuse, le passage c’est fait et Eastwood est décidément un grand passeur.